Tuesday, March 29, 2016

L'épigénétique et la thérapie primale: La guérison de la névrose (16/20)

Tôt est-ce trop tôt ?

Dans la communauté scientifique, la question a toujours été : «Tôt est-ce trop tôt ? » Et c'est ici que l'épigénétique est significative dans nos discussions.  Un groupe de l'Université de l'état de Washington conduit par Matthew Amway, se penchant sur le dévoilement génétique, a découvert que l'expérience gestationnelle chez les animaux  peut entrainer des effets sur trois générations.  Ils ont démontré qu'en exposant des rates adultes en gestation, avec des spermes déficients, cela pouvait engendrer plusieurs maladies, incluant le cancer, chez les animaux adultes. Les femelles évitaient de s'accoupler avec des rats qui étaient aussi exposés à ces maladies. Et ceci continua, non seulement tout au long de la vie de ces adultes, mais tout autant durant la vie de leurs rejetons. Il semble que le système reconnait comment réagir devant certaines déficiences biologiques, et ceci pour conserver ce qui est le mieux pour l'hérédité, donnant ainsi de meilleurs résultats pour réussir dans la vie. Donc, quand on ne peut pas expliquer chez les adultes certains traits en relation avec l'hérédité, nous devons rechercher dans le passé, dans plusieurs générations antérieures, les réponses que nous cherchons.  Ceci nous donne une nouvelle perspective sur ce que l'on nomme les problèmes psychologiques chez les adultes. Quand on fait une interview avec de futurs patients, on doit pouvoir tenir en compte la vie prénatale chez ces patients, mais aussi la situation de leurs parents et quelquefois des grands-parents. 

Sans une évaluation clinique, on ne peut que deviner à quels traumas ces patients ont dû être soumis pendant la vie intra utérine, et quelles sont les adaptations qui continuent à montrer leurs effets chez les enfants et les petits-enfants. Naturellement, ce n'est pas seulement une mère subissant un trauma, mais le trauma lui-même affectant sa physiologie basale et produisant des changements à vie chez elle et son rejeton. Est-ce une grossesse durant la guerre ? Est-ce que les parents se disputaient tout le temps ? Est-ce la grand-mère de l'enfant qui était dépressive ? La mère était-elle une fumeuse invétérée ou buvait-elle continuellement  durant sa grossesse ? Ce sont toutes les questions que nous devons nous poser.
En vérité, la distinction entre l'hérédité et l'hérédité épigénétique doit être faite, si on veut inverser la maladie. Quand une empreinte est faite sur certaines cellules anxiolytiques par exemple, nous pouvons demeurer stressés jusqu'à ce que cette empreinte soit revisitée et revécue. Comme je l'ai déjà noté, le processus de méthylation peut aussi être chimiquement inversé par des agents de déméthylation, par exemple. Ceci nous amène à croire que certaines régions du cerveau, altérées par les médicaments ou drogues, sont les mêmes endroits qui peuvent être affectés en revivant les événements gestationnels. 

Le plus important est de savoir que le stress chez la mère compromet le système répressif chez le fœtus, de sorte que plus tard il sera difficile d'alléger les sentiments douloureux. Les empreintes de bas niveau durant la vie intra-utérine éclatent à travers la barrière répressive, surchargeant le système, et — en l'absence d’un cortex efficace, — il peut en résulter une difficulté de focus, de concentration et aussi des problèmes d'apprentissage. Le cortex préfrontal devient submergé pour tenter de contre balancer et faire taire les sentiments douloureux. 

Pourquoi ces empreintes précoces sont-elles si critiques ? Parce que la plupart des événements clés venant  de la vie intra-utérine peuvent mettre notre vie en danger continuellement; manque d'oxygène, nutrition inadéquate, trop d'agitation, abus de médicaments ou d'alcool, etc. ils affectent tous les organes vitaux et changent le système du bébé. Je n'oublie pas non plus la cigarette, qui est mortelle pour le développement du bébé. Imaginez-vous être dans l'utérus d'une mère qui ingère toutes sortes de toxines heure après heure, chaque jour de l'année ? Qui pourrait survivre à cela ?

Il y a un début dans le développement de la personnalité et on ne doit pas tout attribuer à la génétique. L'épigénétique est probablement plus importante. Les circonstances de la vie s’expriment autour des gènes, et altèrent qui nous sommes et ce que nous deviendrons. Ce sont nos jours dans l'intra-utérin qui impriment notre personnalité-type et constituent l'empreinte; quand nous recevons des patients en grande souffrance, nous trouvons le noyau, l'empreinte principale qui a forcé toutes ces accommodations. Et quand ces empreintes précoces sont revécues et que tous les systèmes vitaux vibrent dans un mouvement d'ensemble vers cette douleur, nous savons que nous avons découvert l'or. Nous avons trouvé le Nirvana, le noyau de la souffrance. Souvenez-vous, il n'y a pas de souffrance dans le pur état de grâce, le Nirvana. 

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