Tuesday, March 29, 2016

L'épigénétique et la thérapie primale: La guérison de la névrose (16/20)

Tôt est-ce trop tôt ?

Dans la communauté scientifique, la question a toujours été : «Tôt est-ce trop tôt ? » Et c'est ici que l'épigénétique est significative dans nos discussions.  Un groupe de l'Université de l'état de Washington conduit par Matthew Amway, se penchant sur le dévoilement génétique, a découvert que l'expérience gestationnelle chez les animaux  peut entrainer des effets sur trois générations.  Ils ont démontré qu'en exposant des rates adultes en gestation, avec des spermes déficients, cela pouvait engendrer plusieurs maladies, incluant le cancer, chez les animaux adultes. Les femelles évitaient de s'accoupler avec des rats qui étaient aussi exposés à ces maladies. Et ceci continua, non seulement tout au long de la vie de ces adultes, mais tout autant durant la vie de leurs rejetons. Il semble que le système reconnait comment réagir devant certaines déficiences biologiques, et ceci pour conserver ce qui est le mieux pour l'hérédité, donnant ainsi de meilleurs résultats pour réussir dans la vie. Donc, quand on ne peut pas expliquer chez les adultes certains traits en relation avec l'hérédité, nous devons rechercher dans le passé, dans plusieurs générations antérieures, les réponses que nous cherchons.  Ceci nous donne une nouvelle perspective sur ce que l'on nomme les problèmes psychologiques chez les adultes. Quand on fait une interview avec de futurs patients, on doit pouvoir tenir en compte la vie prénatale chez ces patients, mais aussi la situation de leurs parents et quelquefois des grands-parents. 

Sans une évaluation clinique, on ne peut que deviner à quels traumas ces patients ont dû être soumis pendant la vie intra utérine, et quelles sont les adaptations qui continuent à montrer leurs effets chez les enfants et les petits-enfants. Naturellement, ce n'est pas seulement une mère subissant un trauma, mais le trauma lui-même affectant sa physiologie basale et produisant des changements à vie chez elle et son rejeton. Est-ce une grossesse durant la guerre ? Est-ce que les parents se disputaient tout le temps ? Est-ce la grand-mère de l'enfant qui était dépressive ? La mère était-elle une fumeuse invétérée ou buvait-elle continuellement  durant sa grossesse ? Ce sont toutes les questions que nous devons nous poser.
En vérité, la distinction entre l'hérédité et l'hérédité épigénétique doit être faite, si on veut inverser la maladie. Quand une empreinte est faite sur certaines cellules anxiolytiques par exemple, nous pouvons demeurer stressés jusqu'à ce que cette empreinte soit revisitée et revécue. Comme je l'ai déjà noté, le processus de méthylation peut aussi être chimiquement inversé par des agents de déméthylation, par exemple. Ceci nous amène à croire que certaines régions du cerveau, altérées par les médicaments ou drogues, sont les mêmes endroits qui peuvent être affectés en revivant les événements gestationnels. 

Le plus important est de savoir que le stress chez la mère compromet le système répressif chez le fœtus, de sorte que plus tard il sera difficile d'alléger les sentiments douloureux. Les empreintes de bas niveau durant la vie intra-utérine éclatent à travers la barrière répressive, surchargeant le système, et — en l'absence d’un cortex efficace, — il peut en résulter une difficulté de focus, de concentration et aussi des problèmes d'apprentissage. Le cortex préfrontal devient submergé pour tenter de contre balancer et faire taire les sentiments douloureux. 

Pourquoi ces empreintes précoces sont-elles si critiques ? Parce que la plupart des événements clés venant  de la vie intra-utérine peuvent mettre notre vie en danger continuellement; manque d'oxygène, nutrition inadéquate, trop d'agitation, abus de médicaments ou d'alcool, etc. ils affectent tous les organes vitaux et changent le système du bébé. Je n'oublie pas non plus la cigarette, qui est mortelle pour le développement du bébé. Imaginez-vous être dans l'utérus d'une mère qui ingère toutes sortes de toxines heure après heure, chaque jour de l'année ? Qui pourrait survivre à cela ?

Il y a un début dans le développement de la personnalité et on ne doit pas tout attribuer à la génétique. L'épigénétique est probablement plus importante. Les circonstances de la vie s’expriment autour des gènes, et altèrent qui nous sommes et ce que nous deviendrons. Ce sont nos jours dans l'intra-utérin qui impriment notre personnalité-type et constituent l'empreinte; quand nous recevons des patients en grande souffrance, nous trouvons le noyau, l'empreinte principale qui a forcé toutes ces accommodations. Et quand ces empreintes précoces sont revécues et que tous les systèmes vitaux vibrent dans un mouvement d'ensemble vers cette douleur, nous savons que nous avons découvert l'or. Nous avons trouvé le Nirvana, le noyau de la souffrance. Souvenez-vous, il n'y a pas de souffrance dans le pur état de grâce, le Nirvana. 

Thursday, March 17, 2016

Le suicide et le succès


Publié en anglais le 18 février 2016

Plusieurs personnes au sommet de leurs carrières se sont suicidées. Elles semblaient pourtant au pinacle de leur succès. Comment cela se fait il ? La plupart de nous pensions que lorsque nous choisissions une profession, que nous la poursuivions, et y avions du succès, devenant un expert renommé, que nous serions comblés. Nous nous sentirions comme ayant réussi, comme étant une réussite. Faux. Lorsque nous avons manqué d'amour,  souffert de rejet, d'indifférence et de manques de câlins étant enfant, nous ne pouvons pas nous sentir comme étant une réussite.

Le succès et la gloire sont des notions éphémères qui ne font pas partie de notre système. Le succès n'est pas un sentiment alors que l'amour l'est. La gloire est une autre idée du succès; d'une façon c'est le sentiment des autres … admiration, humilité, importance, etc. Et pourquoi, la personne la plus accomplie, ne semble jamais satisfaite, ni comblée ? Parce que toutes ses réalisations et toute son admiration sont symboliques; cela ne remplace pas le besoin d'amour qu'elle éprouvait étant enfant. Cela cache le manque, écrase le besoin réel et laisse un trou émotionnel béant en place. C'est la douleur gravée qui ne peut pas être effacée quelque soit le succès rencontré. Et cela le poursuit de plus en plus. Finalement au sommet de sa gloire, il ressent toujours le non accomplissement et l'échec; il n'y a plus rien à obtenir, ni à essayer. Il regarde tout ce qu'il a accompli et ressent un grand vide. Qu'est-ce que cela signifie ? «Je ne sais pas quoi faire de plus pour bien me sentir. On dirait que la vie est vide.» Il n'y a plus de sens : les pensées suicidaires commencent à venir.  La douleur qui amène tout cela est toujours vivante, et ronge de l'intérieur. Une voix à l'intérieur lui dit, « Tu n'es pas aimé », et c'est tout ce qui importe. Tu as échoué à ce qui est le plus important : être adoré, admiré, encouragé, soutenu et câliné.  C'est le malaise qui parle du manque. «Tu as tout fait pour essayer d'être aimé, et tu l'es, mais pas par les gens qui te sont importants». Être aimé pendant notre jeune âge, est ce qui nous prépare pour la vie; cela nous rend confiant. Cela nous offre la hardiesse, l'enthousiasme et la joie de vivre. Cela nous donne envie d'essayer mais non par désespoir.

L'amour symbolique doit être constamment répété parce qu'il ne comble pas. Pourquoi pas ? Parce qu'il trône sur la douleur gravée du non-amour. Et cette empreinte n'a qu'un but : être revécue telle qu'elle s'est installée. Elle ne disparaîtra JAMAIS, à moins d'être revécue entièrement dans son contexte original. Elle ne peut pas disparaitre. Son but est un avertissement constant d'une affaire non terminée. La douleur du début  a besoin d'être ressentie et traitée dans toute son agonie. Oui, il y a une agonie d'une très, très profonde peine, qui s'est transformée en une empreinte qui devient la partie primordiale de notre être. Maintenant cela nous rend confus, distraits, et par-dessus tout, bloque notre concentration. Oh oui, cela nous amène dans la dépression, parce que nous vivons avec un ennemi à l'intérieur de nous dont nous ne pouvons pas nous débarrasser. Il vit en nous et avec nous; il griffe pour sa libération; il veut la liberté de vivre cette douleur, croyez-le ou non.

Cependant, nous faisons ce que nous pouvons pour l'arrêter. Ce n’est pas étonnant que le but de la plupart des psychothérapies vise à la répression, rationalisation, comprendre mais jamais ressentir. Ces techniques offrent un peu de soulagement dont le patient se contente; mais il n’en sort pas guéri. Mais que ressent la personne qui réussit dans la vie ? Peu de choses: déprimée, malheureuse, non comblée. Il ne peut être autrement car rien d'autre ne s'offre à lui, et il n'a aucun autre choix, car ces sentiments ne le quitteront pour rien au monde. L'empreinte n'a aucune pitié. Elle nécessite une vigilance consciente, quelque part à l'intérieur, même si le niveau cortical supérieur veut l'emprisonner.  Une vigilance consciente signifie un ressenti profond plus une compréhension ultime de ce que c'est. Une réorganisation des chaises sur le Titanic. Nous devons replacer les choses pour être en santé, nous devons réunir les ressentis avec leur pensées pour faire de nous un être entier. La gloire ne fera pas cela; J'ai assez traité d'artistes pour le comprendre, et mes patients le savent aussi. Il n'y a aucun substitut pour extirper l'empreinte. Aucun. Laisser l'empreinte en place et vous y laisser aussi la misère.

Donc, continuons sur ce sujet. Quand à la base il y a un manque de satisfaction tôt dans la vie, pendant la gestation, à la naissance, et pendant le tout jeune âge, il y a une empreinte de manque complet. Cela demeure et reste emprisonné dans le cerveau mais est quand même abordable. Mais le ressenti demeure imperceptiblement accessible : c'est un sentiment non comblé. Nous le traînons et il nous traîne aussi dans la course pour être comblé. C'est symbolique, parce que une fois caché et hors d'atteinte,  nous comblerons avec des substituts : des symboles. Nous ne pouvons pas connaître le vrai manque et ce qu'il est. C'est pourquoi le système insiste pour que nous le revivions plus tard dans notre vie. Cela signifie une intégration réelle et la libération. Cela arrête finalement la perpétuelle envie de réussite. C'est différent de réussir. C'est l’envie de faire les choses bien. Un peu plus relaxant aussi.


Sunday, March 13, 2016

Encore un peu plus sur les act-outs


Publié en anglais le 7 février 2016

Si je vous disais que le seul fait de respirer est un act-out (une manifestation) vous pourriez vous en moquer, donc laissez-moi vous expliquer. Les act-outs signifient que vous réagissez inconsciemment et symboliquement à un traumatisme passé. Permettez-moi de vous donner un exemple: la respiration superficielle. Quand, à la naissance il n'y a pas eu assez d'oxygène, la mère étant fortement médicamentée et/ou anesthésiée, les médicaments se sont infiltrés dans le bébé pour arrêter la respiration; il a appris à conserver l'oxygène afin de survivre, en respirant superficiellement, il est devenu quelqu'un respirant superficiellement; les personnes qui font cela, pensent que c’est tout naturel de respirer comme ca.

Le fait est que c'est le signe d'un événement qui perdure et qui dirige tout leur système. Quand, l'oxygène diminue pendant la naissance, les vaisseaux sanguins se contractent ou se ferment pour sauver la vie du bébé. Le résultat peut être des migraines chroniques où les vaisseaux sanguins se resserrent, afin d'épargner les suppléments d'oxygène. Ceci arrive aussi lorsque que quelqu'un est inquiet à propos de quelque chose, se sent menacé ou est anxieux.

De là, nous mettons en réserve l'oxygène comme étant un outil de survie. Tout le système est en mode économie d’énergie ; doucement, calmement, étant constamment dans un état de retenu se traduisant par l'économie d'argent, des émotions, de la respiration, de l'expression, etc. En résumé, en n'utilisant pas trop de tout. Quelqu'un peut devenir un économe dans tout : «Je ne peux pas me passer de… autrement je mourrai.» (Originalement…. sans assez d'oxygène ma vie est en danger). Durant toute sa vie son leitmotiv sera : «Ce n'est pas assez….et je dois être certain que j'en aurai assez.» La peur est que je ne peux pas  continuer sans (sans l’oxygène dont j'ai besoin)  ou je mourrai. Si j’économise, je ne serai pas en danger; j'en aurai assez. Si j'en ai assez, je ne mourrai pas. Cela semble exagéré et pourtant de nombreux patients en témoignent.

Dans un autre cas, le patient en souvenir du passé, économise assez d'énergie pour accomplir les tâches minimales. Il évite de se surmener (comme originalement). Il achète seulement le strict nécessaire. Il voyage avec peu, pour ne pas être surchargé. Une valise trop lourde est une source d'anxiété parce qu'il craint de manquer d'énergie pour traîner les bagages. Toute sa vie tourne autour de cette formule, « Si je dépense trop, je mourrai». Ceci est la manifestation symbolique du trauma original. Respirer trop peut me faire mourir, donc je dois éviter les exercices trop demandant. Il préfère une vie simple, avec peu d'inquiétudes matérielles pour ne pas se sentir dépassé. Le moins il a, le moins il a à s'occuper, le moins d'énergie il utilise. Cette personne aime quand les autres prennent le devant, ainsi elle n'a pas à s'occuper de rien, elle peut économiser.
Ce que nous avons ici sont des modes différents de comportement  pour une empreinte à peu près semblable…un manque d'oxygène durant la gestation et à la naissance. Les circonstances de la vie ajoutent des options, mais le comportement en général a un seul motif.

Un type extrême de ceci est la plongée libre : l'idée est de plonger le plus profondément dans l'océan en retenant son souffle, jusqu'à ce que quelqu'un le fasse le plus longtemps possible et devienne le champion. Et croyez-le ou non, on donne des médailles pour cela. Excepté que cela est très dangereux, et justement quelqu'un s'est noyé, la semaine dernière en l'essayant. Sans oxygène du tout, les experts peuvent tenir quelques minutes sans respirer. L'idée inconsciente est de reconstituer le trauma ancien, approchant la mort et essayant de survivre. Il semble que plus on approche des limites de la mort, plus on l'applaudit. C'est l'ancien trauma vécu à l'inverse. J'ignore qui a inventé cette folie ? Mais quelqu'un y est attiré, parce que c'est la forme symbolique de revivre ce moment. S'approcher de la mort et vivre finalement. C'est le paradigme, le leitmotiv appelé «sport». Ici nous avons des act-outs différents pour à peu près  la même empreinte. L'un la saisit et l'autre la fuit. L'un se jette devant  pour s'écraser dans son empreinte et la surmonter, l'autre l'évite à tout prix. Dans tous les cas, cela envahit chaque aspect de l'être. Les casse-cous le trouvent et le pourchassent, pendant que les phobiques regardent ailleurs. Est-ce que les plongeurs libres sont des casse-cous ? Je parierais que oui, mais non, je ne parie pas.

Thursday, March 10, 2016

Encore sur les Act-outs


Publié en anglais le 29 janvier 2016

La vérité n'a pas besoin de défenses…sauf que…ne pas la ressentir cause d'innombrables défenses. Le ressenti est à l'opposé de la défense.
Il y a un certain paradigme dans la thérapie primale, auquel a fait allusion un blogueur du nom de Frank. La vérité n'a pas besoin de défenses, sauf quand la vérité est plus que ce que le système peut intégrer; là intervient le système de défense. C'est pourquoi, dans la région booga booga, lorsqu’ils vivent à l'intérieur de leurs défenses et imaginent toute sorte de choses comme la liberté, la libération, être un avec le cosmos, etc. Ils ne ressentent plus la présence de leur douleur. Ils ne savent pas non plus qu'ils vivent dans leur système de défenses. Ils s'accrochent à une idée irréelle étrange et font un avec; tant que cela éloigne la vérité : j’ai mal.

C'est pourquoi après que les patients ont eu de profonds ressentis ils reconnaissent plusieurs vérités à propos de leur vie. C'est enfoui et protégé avec la douleur. Donc, personne n'a à fournir d'analyse; c'est déjà là en attendant de sortir. Et comment ces ressentis sortent-t-ils ? Ils se détournent et se collent à la douleur.

Laissez-moi vous donner un exemple de ma propre vie. Il n'y a pas longtemps, la première chose que je faisais le matin était de sortir pour prendre un café. Je le faisais machinalement, sans y penser. Puis arriva le primal : je suis coincé dans l'utérus sans pouvoir en sortir, et je l'ai vécu par la suite, pendant des dizaines d'années. Le ressenti caché me guidait (je sortais pour prendre un café) et je ne m'apercevais pas que cela dirigeait ma vie. Et si je buvais ou fumais pour oublier la peine, je n'avais aucune idée de pourquoi je faisais cela, et je n'ai jamais cherché. Mais….je devais sortir. Si j'avais été plus rusé ou après assez en primal, j'aurais retracé mon rituel obsessif là où était la source en me demandant ce que j'essayais de faire. « Comment idiot, j'essaie de m'en sortir! » En pré-primal je dirais, j'ai besoin de liberté et je veux me sentir libre, mais ceci n'aurait eu aucun sens.

J'avais une patiente qui avait une obsession différente : elle avait besoin de baiser tout le temps (pas dans le sens grossier, mais dans le sens exact). Cela arrive…. Qu'est-ce que tu essaies de faire ?  Elle dit qu'elle avait besoin de libérer sa tension. Et pourquoi ? Parce que si elle ne baisait pas, la température de son corps et sa pression sanguine montaient dans le plafond : elle était en danger de mort. Mais pourquoi baiser ? C'était l'instinct le plus basique et le plus profondément enraciné. Sa constitution mettait son corps dans un stress épouvantable. Elle devait trouver un moyen de se libérer à travers une certaine manifestation parce qu'elle ne savait pas qu'elle avait une empreinte cachée profondément et que cela causait toutes ces tensions. «Allô, je suis votre médecin. Avez-vous vécu du stress récemment ? » « Non, pas que je sache, mais je crois qu'il y a eu, il y a 50 ans, un événement stressant, je n'en suis pas certaine, mais cela a fait augmenter beaucoup ma température et ma tension jusqu'à ce jour. » «Comment savez-vous cela ?» « Par instinct, je crois. » Pourquoi aurais-je ces symptômes chroniques ? Je ne sais pas…

Oh, quelle est cette manifestation ? Notre façon symbolique de négocier avec une mémoire inconsciente, concrétisée. C'est comme un aveugle sans connaissance de son inconscience, tentant de se débarrasser d'un terrible trauma. Il fait de son mieux, et arrive, tout près, symboliquement, comme mon besoin de sortir pour aller prendre un café chaque matin. Sûrement que cette obsession signifiait qu'il y avait quelque chose de cacher profondément. Même en sachant exactement ce que c'est, cela n'aurait pas changé quoique ce soit, parce que la perception demeure dans la partie haute du cerveau, tandis que le ressenti est dans le bas. Ils sont loin l'un de l'autre. N'est-ce pas ahurissant que les ressentis profondément incrustés envoient des messages d'en bas pour se rapprocher du trauma sans jamais dire ce que c'est ? Et pourquoi est-ce comme cela ? Parce que si tout était envoyé au complet, toute la vérité, nous serions agonisants encore une fois. Donc, notre cerveau compatissant a trouvé un chemin de retour protecteur. Il garde la vérité loin de nous, même quand nous la cherchons. Plus nous cherchons, moins nous trouvons. Aah, encore du raisonnement. Ces pauvres philosophes ; en constantes recherches qui n'aboutiront jamais parce que…oh non, un instant, la recherche est vraiment pour trouver la douleur, et il n'y a que la douleur qui peut libérer. Est-ce que cela veut dire qu'ils recherchent la douleur sans savoir ce que c'est ? Ouais !
Seigneur, Janov tu es si arrogant et si certain de toi. Est-ce que c'est mauvais ? Est-ce mieux de ne pas être certain alors que je l'ai vécu ? Et quand je le revis et que mes manifestations disparaissent ? La vérité réside dans cette lourde souffrance et non pas dans un haut niveau du cortex où la recherche semble se concentrer. C'est pourquoi on ne peut rien trouver. On recherche des résultats, non pas les causes, et comme tant de recherches en psychologie, miser sur les résultats ne peut révéler les causes mystérieuses. Oh eh bien. Cela semble désespérant. Non, parce que le vrai espoir réside dans le fait de revivre ce grand désespoir menant à tant de dépressions. Et que faisons-nous au lieu de ressentir ce désespoir et d'en trouver les causes; on s'en éloigne, se gardant occupé, continuant de travailler, courir et courir… loin de nous-mêmes. Vous ne pouvez trouver votre salut ni vous-même en agissant comme cela.

Un dernier mot sur mes manifestations. Pourquoi ai-je choisi la trompette comme instrument? Je faisais partie d'un groupe, les « Syncopés psychopathiques » et j'atteignais une très haute note, et cela me semblait comme si je hurlais….et c'était bien cela, hurler de la seule façon que je pouvais. Chaque semaine j'allais à l'hôpital local pour malades mentaux, et jouais à Los Angeles, avec les meilleurs musiciens. Nous donnions des concerts à différents endroits, et toute la section qui avait eu des lobotomies, devait se tenir la main pour que nous ne les perdions pas. Et toutes les filles de la région venaient et dansaient avec les patients les jeudis soirs. Un soir, j'entendis de la salle : «Art. Art. Arturo.» Un patient vint vers moi et me serra contre lui, et nous parlâmes. Il me raconta toute son histoire. Nous étions dans la marine ensemble. Il était Mexicain, donc durant une bataille maritime pendant la guerre, il a dû aller en bas pour bien fixer les écoutilles tout en restant là, de sorte que si nous étions torpillés, l'eau ne pourrait pas entrer dans le bateau pour nous faire couler. Il s’est retrouvé bloqué à l'intérieur. Pourquoi ? Parce qu'il était Mexicain. Après plusieurs mois de cet incident, il s'effondra et passa plusieurs mois dans des hôpitaux psychiatriques. C'était la même situation que lorsque les Noirs, sur nos bateaux, se battaient pour leur liberté; ils n'avaient pas le droit de toucher à une arme à feu, et la seule chose qu'ils pouvaient faire était soit de cuisiner, de nettoyer ou de porter un uniforme blanc pour servir les officiers. Tout le monde trouvait cela normal.

Jusqu'à ce jour, je pense que les filles qui venaient et dansaient avec des psychotiques, étaient des héroïnes. Elles voulaient faire leur effort de guerre et nous aider, nous les marins. Et c'était merveilleux. J'ai appris plus à propos de la maladie mentale, en jouant de la musique avec mes amis, qu'en étudiant à l'école.



Wednesday, March 2, 2016

Comment la psychologie peut-elle ignorer la neurologie?


Je ne veux pas dire que la neurologie devrait diriger la psychologie, mais la science du cerveau a tellement à offrir à la thérapie. Nous ignorons les nouvelles découvertes de la neurologie à nos risques. Ce que nous savons c'est que la blessure précoce laisse une trace sur les gènes. Cette trace est un marqueur qui nous indique qu'il y a une blessure cachée en nous et qui détourne nos attitudes et est précurseur de  beaucoup de maladies sérieuses ultérieures. Les traces peuvent être observées. Et encore plus important, renversées. Imaginez cela ! Nous pouvons défaire les empreintes, renverser l'histoire et éliminer la blessure. On n'a plus à deviner et donc, quand les psychologues ignorent la science du cerveau, ils ne savent pas que l'histoire est barricadée profondément dans le cerveau, à quel niveau dans le cerveau, et ne sont pas plus éveillés à l’importance de l'empreinte. Comment peut-on continuer à ignorer les traumas précoces ainsi que leurs effets sur nos maladies, quand la science nous montre le lien.

Donc, qu'est-ce qui arrive ? Les thérapeutes demeurent au niveau cérébral et n'atteignent jamais l’empreinte qui change le cerveau à travers la méthylation, qui distribue la douleur et nous affecte tous autant. Ils essaient de calculer la tension artérielle et autres maladies, quand les causes leur échappent. Pire, ils essaient de défaire la psychose, les névroses sérieuses et les maladies, ne reconnaissant pas les causes qui sont littéralement juste sous leur nez.

Maintenant, voilà les psychiatres qui arrivent. La nouvelle recherche faite par la Institute of Molecular Biology  en Allemagne, trouve une façon de défaire la méthylation. Se faisant, ils ont découvert que la protéine « neils 1 neils 2 » joue un rôle majeur de déméthylation des cellules les renversant à la normale, ce qui est une grande découverte. Mais c'est une réponse neurologique qui ne peut pas appartenir à la neurologie seule; ils suggèrent que les 2 protéines deviennent instrumentales en annulant la méthylation; donc ce pourrait être la réponse que nous cherchons. Mais, holà, pourvoi les gènes sont-ils méthylés, en premier lieu ? Quelle sorte de douleur et d'où cela vient-il ? Ici arrive la thérapie primale qui la met à vif. Après 50 ans de travail quotidien auprès de plusieurs centaines de patients, nous avons une très bonne idée de la douleur et comment elle s'est installée dans le système. Nous croyons que nous déméthylons à travers notre immersion dans le trauma et en le revivant exactement comme cela s'est passé. Cela signifie, revenir à l'âge de 6 ans ou en un fœtus revivant le moment où la mère fumait ou buvait. Nous le constatons et voyons les effets de revivre ces incidents : des changements majeurs dans tout le système. Nous croyons altérer la trajectoire neuronale qui aurait amené des maladies sérieuses ultérieures.

Les auteurs affirment que cela peut inclure le cancer : quand il y a une défaillance en remettant en place les marques de méthyle sur l'ADN, il peut en résulter un développement d'anormalités et possiblement de cancer. De cette façon les cellules perdent leur identité et commencent à se diviser sans contrôle dans un profil de cancer. Cette recherche est d'avant-garde et nous aidera à mesurer et à traiter les empreintes sérieuses. Et voici que les psychiatres laisseront la neurologie. Parce qu'en psychothérapie le patient parlera de sa vie et ultimement descendra le long du chemin de la douleur jusqu'à l'empreinte profonde. Quand cela arrivera les distorsions engendrées par la méthylation se normaliseront. Le patient reviendra à sa normalité. Nous voulons que nos théories à propos de l'être humain soient irréfutables : pourquoi ? Pare qu'une théorie précise et correcte mène vers une thérapie juste, et c'est le moyen d'une santé ultime et d'une longévité. C'est notre mission.