Monday, June 6, 2016

L'épigénétique et la thérapie primale : la guérison de la névrose (19/20)

Article publié en anglais le 9 mars 2016

Conclusion :
Sans une théorie de la douleur, comment pouvons-nous accéder à l'origine du cancer, des maladies cardiaques, des migraines, et de l'hypertension artérielle ? Si nous n'avons aucune connaissance du trauma du tronc cérébral, nous ne le comprendrons jamais. Sans cette théorie, nous ne pouvons pas suivre les avancées de la science psychologique et du cerveau.

Dans notre thérapie je crois que nous pouvons annuler l’empreinte en partie, mais plus elle est précoce et profonde, plus il est difficile de l’inverser. Une fois que les cellules sont imprégnées, souvent elles ne peuvent pas être changées facilement; leur identité demeure inaltérable. C'est parce que l'empreinte est dure comme de la pierre, gravée dans les cellules microscopiques, et ne perd pas son identité facilement. L'évolution des gènes a pris une autre direction. L'épigénétique règne, c'est critique; l'expérience ne peut la changer. C'est pourquoi nous ne pouvons pas espérer que la névrose disparaisse ou exhorter le névrotique à changer; le supplier et le solliciter n'est pas la bonne façon. Il n'y a aucun moyen possible de sortir de la réalité biologique de la période critique, du temps et de l'espace où l'amour doit être reçu, ou devient une empreinte pour toujours.

J'ai écrit à propos de l'irréversibilité d'un trauma précoce, de la gestation et de la naissance. Le pire scénario est une naissance traumatisante suivie plus tard, d'une enfance dépourvue d'amour. Cette combinaison peut expliquer les échecs d'une personne. Cela crée des problèmes émotionnels insurmontables. Mais il peut y avoir de l'espoir. Un certain niveau de traumas in utéro et à la naissance peut être réduit par des facteurs atténuants, à savoir beaucoup d'amour pendant l'enfance. Les empreintes traumatiques ne sont jamais effacées, mais cela les tient à distance. Je crois qu'une enfance heureuse peut en partie bloquer les effets de la douleur précoce de première ligne. Les dommages aux reins, durant la gestation, ne seront pas annulés par un amour tardif, mais les dommages ne deviendront pas de sérieux symptômes. Les traumas très précoces ne sont jamais modifiés ou adoucis par un amour tardif, ni apaisés par des câlins ou des baisers mais ils n'atteignent pas le niveau supérieur qu'ils auraient eu s'il n'y avait pas eu cet amour précoce. Soyons clair ; l'amour durant ou près du temps d'empreinte de la fenêtre sensorielle (quand les besoins sont importants) peut réduire la douleur. Par exemple, après une naissance épouvantable, beaucoup de caresses et de baisers peuvent minimiser les dommages. Six ans plus tard les mêmes câlins, n'auront pas les mêmes effets. C'est pourquoi lorsqu'un père quitte la maison pendant des années et revient, il ne sera pas bien accueilli. La douleur s'est installée et a beaucoup agi sur l'enfant. L'enfant veut bien aimer, mais la douleur l'en empêche.

Comme nous l'avons vu, une mère nerveuse prédispose son enfant à la peur, tout comme une mère dépressive laisse une base dépressive à son enfant. L’extériorisation dépendra des évènements ultérieurs et des traumas. Personnellement, je crois que beaucoup d'amour et un environnement sain chez un très jeune enfant, peuvent atténuer ces effets nuisibles. Dans les faits, les bébés prématurés qui ont été très câlinés et embrassés, retournent à la maison plus tôt que ceux qui ne l'ont pas été. Ces baisers tôt dans la vie, comptent beaucoup et aident à former la personnalité : une personne chaleureuse et aimante plutôt qu’une personne distante. C'est spécialement vrai pour ces bébés qui ont été pris en institution. Ils ont tellement besoin d'amour et de réconfort tôt dans la vie. S'ils ne l'obtiennent pas, la situation peut devenir irréversible ; il y a un moment où l'amour ne fait plus de différence. Le mal est fait et bien ancré. C'est l'étude que nous ferons ultérieurement. Y a-t-il un moment dans le temps où l'amour ne peut plus réparer les dommages ?

Wednesday, May 25, 2016

Encore sur les act out (1/2)


Publie en anglais le 4 mars 2016

Ce que je vous décris ici est une supposition, non prouvée, mais j'ai assez vu de cas de cancer pour en avoir une idée. Ma conviction est que le trauma qui a causé le cancer peut autant aider à le guérir. Il y a une mémoire incrustée profondément dans le cerveau; elle est assez puissante pour ravager le cerveau, parce qu’elle est en première ligne, dans le tronc cérébral, où sont générés les ressentis. Si on peut enlever le trauma, et de nouvelles recherches sur la méthylation nous indiquent que c'est possible, nous pouvons donc agir sur le cancer. La rareté de cancer chez nos patients à long terme est une confirmation de ce que je crois. Ces ressentis qu'on ne peut croire à moins de les voir, peuvent altérer les trajectoires biologique et génétique du système pour changer les structures cellulaires. J'ai longtemps cru à la possibilité de cancer du sein chez des femmes à petites poitrines, non pour cette raison, mais peut-être parce que leur destinée génétique pour une grosse poitrine, était bloquée et détournée. Il y a alors, une pression constante de notre propre destinée qui ne peut pas remplir son objectif biologique. C'est une poussée vers la normale, un système intact. L'impulsion biologique vers la normalité est toujours présente.

La biologie est la destinée, comme on dit. Je préfère que l'épigénétique le soit, c'est beaucoup plus exact. Cela met sérieusement de côté la destinée génétique, la replace par un nouveau système biologique, et peut-être un qui peut être hérité. Par définition, ce système est défectueux parce qu'il se développe sur une base endommagée.

Voici ce que les patients disent de leur act out :
« Je crois qu'il y a peut-être quelque chose de rattaché à cela…
Je suis sûrement quelqu'un qui respire superficiellement — je l'ai toujours été — et je ressens le besoin de garder mes émotions, je dirais.

Tout ce que je sais, c'est que ma mère a reçu" du gaz avec de l'air," (NOX oxyde nitreux avec de l'air) quand elle a accouché de moi. Je doute que cela ait été traumatique pour moi en tant que fœtus essayant de sortir, mais j'aimerais connaître s'il y a un avis contraire.
Ceci dit, je crois que la respiration est capitale pour notre vie et reflète nos premières expériences. »
« J'ai vécu ensuite la thérapie primale pour me délivrer de toute cette tension.
Je me souviens d'une classe de danse où j'allai après ma thérapie primale, et le professeur ne me reconnut pas parce que mes mouvements furent soudainement et sans explication, libérés de toute tension et pleinement présents. En plus je dansais non pas pour gagner son affection, mais pour le plaisir de ressentir.

Le primal est la forme de danse la plus vraie et la plus thérapeutique.
Beaucoup de classes de danses et de gestes sont données par des professeurs manifestant leurs besoins sur leurs étudiants. Comment peuvent-ils ne pas le faire ? C'est surtout triste quand cela arrive à des enfants».

Notre façon de respirer dépend de nos mémoires physiques et mentales.
Ma respiration, je l'ai souvent mentionné dans mes blogs, était profondément agitée/affectée neurologiquement /embarrassée venant d'un trauma de naissance prolongée, causé par ma mère. J'étais pris dans le col de l'utérus pendant 48 heures. Donc, plusieurs de mes acts outs ainsi que les expériences de traitements thérapeutiques, se sont centrés sur ma respiration.
Pendant plusieurs années, il y eut une séquence répétée, durant mes primals de naissance, où je tombais dans une profonde anesthésie. Graduellement, ceci s'est aggravé par une violente hyperventilation, et soudainement, je ne respirais plus. Cette condition persista longtemps et je m'étouffais désespérément pour trouver de l'air, sans succès. Tout à coup, j'abandonnai et sentis que je me noyais et mourais. La conscience me revint faiblement et lentement. J'avais vécu un primal au lieu d'une crise épileptique. La sensation d'une pression anesthésiante relâcha lentement. J'ai expérimenté un soulagement total et une libération, physiquement d'abord et peu après émotionnellement. Ma respiration était relax et parasympathique.

Durant plus de 20 ans, j'ai fait, chaque matin, des pompes (push ups) (2x125) sur le bout de mes doigts avec mes pieds sur une table (ma façon de plonger en liberté). Durant chacune des 2 séances de pompes je retenais ma respiration. En plus du Carbamazepine (Tegrotol), ces façons de faire étaient mes moyens de soutenir mon ego et de réduire l'anxiété due à mes problèmes, spécialement la menace de l'épilepsie. J'utilisais mes muscles abdominaux en combinaison avec mes pompes pour déplacer l'anxiété et la tension associées à une carrière stressante et exigeante. Cette protection rattachée à ma respiration, que j'avais développée depuis plusieurs années avec beaucoup de volonté et de discipline, était certainement la principale raison pour laquelle mes 2 années au centre de thérapie primale à Los Angeles, n'apporta pas de résultats visibles rapidement.

OK, je comprends, ça aide. C'est pourquoi beaucoup d'entre nous sont fanatiques de films d'horreur. Nous allons au cinéma, préparés à être terrifiés (aussi près de la terreur d'un premier primal) puis nous regardons horrifiés; puis nous fuyons en toute sécurité. Puis sans bouger, nous crions et hurlons, relâchant une partie émotionnelle de l'empreinte originale. Nous réveillons ainsi les démons du primal, avec impunité. Pour quelques uns, cela devient une obsession. Aah. Quel soulagement. La terreur est l'attraction. Cela nous attire parce que nous pouvons retourner à cette terreur originale pour ainsi parler sans la terreur. Nous savons que nous serons en sécurité après. Nous plongeons dans le trauma de la naissance sans blessure, seulement dans le ressenti. Parce le contenu original manque, la terrible terreur impliquée n'en fait pas partie. Symboliquement, c'est terminé. Écoutez ! Les sentiments nous y ramènent. Cela signifie que beaucoup d'obsessions et de contraintes sont en nous à cause de l'empreinte. Ça nous rend joueurs et mangeurs compulsifs, et incitent à beaucoup de comportements névrotiques. Si nous vivons toujours dans la terreur et ne le savons pas, nous n'essaierons rien, n'en sortirons pas, et ne ferons rien de nouveau.  Nous n'approcherons pas un étranger et ne lui parlerons pas. Cela prendra une éternité avant de prendre des décisions, tellement nous avons peur de faire des erreurs. La peur mène notre vie. Nous devenons des perdants, parce que nous ne saisirons pas les opportunités, resterons en arrière, et en présence d’étrangers nous agirons comme un enfant qui se tient caché dans les jupes de sa mère. Nous avons toujours besoin d'être supportés en tout temps, maintenant nous savons pourquoi.
Cela donne une nouvelle perspective sur les sports dangereux, comme les courses d'autos. La foule cherche des accidents pour ajouter de l'excitation à quelque chose qui va mal (revivre une agonie). Mais souvent il n'y a pas de décès ou de blessures graves, et nous relaxons. C'est la ressemblance qui se répète de plus en plus.

Je ne veux pas oublier ce qui se passe à l'intérieur. Il y a ceux qui, depuis l'enfance, retiennent leur respiration quand ils sont anxieux ou surpris. D'autres encore, qui ne peuvent reprendre leur souffle quand ils sont inquiets. Il y a aussi les asthmatiques qui ont souvent des problèmes respiratoires et ne peuvent rattraper leur souffle. Spécialement ceux qui deviennent essoufflés quand ils sont anxieux et doivent s'allonger. Les permutations sont sans fin et toujours à propos de respirer et non respirer. Ce sont souvent les minimalistes qui font des provisions et n'achètent jamais en trop grosse quantité, économisent et économisent…au cas où. En revivant nos expériences à la longue, nous corrigeons ce qui se passe dans les act-in et les act-out contre la même empreinte.
De nouveau, il faut retourner en arrière et revivre exactement le même trauma. On ne peut faire autrement. Ce n'est jamais vécu entièrement au début; quand la douleur devient trop énorme à supporter, la répression rend le tout inaccessible.

Quelqu'un a–t-il déjà remarqué que lorsque que les gens sont stupéfiés, ils mettent leurs mains sur leur bouche ? Ce n'est pas un accident, ce n'est que le fait de retenir leur respiration, un retour au modèle initial. Quand, au tout début, nous avons arrêté de respirer comme la mort approchait, ceci devint notre modèle pour nos réactions futures.

Ce qui se passe à l'intérieur résulte du fait de n'avoir eu aucune chance d'agir contre le choc d'être coincé, incapable de sortir de l'utérus. Les réactions se développent à l'intérieur, et deviennent les façons de faire. Elles laissent un prototype de réponses physiologiques dans certaines maladies comme l'asthme. Beaucoup dépend de la façon dont se passe la naissance et de certaines faiblesses du système. Un manque d'oxygène à la naissance et même avant, amène les vaisseaux sanguins à se contracter pour garder des réserves. Les migraines en sont des exemples et le traitement pour y pallier est…? Deviner quoi ? L'oxygène.

Souvent le leitmotiv peut être, « Il manque quelque chose mais je ne sais pas quoi. Je devrais manger ou travailler plus ». « Je vais essayer de combler un vide que je ne connais même pas ». Il y a sûrement quelque chose qui manque, et quand les patients retournent dans le cerveau profond, ils savent ce qui manque, et l'obsession avec la nourriture ou l'argent arrête.

Voici un cas récent d'obsessions et de respiration superficielle. Une dame âgée de plus de 60 ans eut un primal de naissance. Les signes avant-coureurs, étaient une dangereuse haute pression et un pouls accéléré. (190/101….pouls à 97) Elle devait souvent prendre des médicaments pour sa tension artérielle afin d'abaisser ses signes vitaux. Ce qu'elle découvrit en revivant sa naissance, était que son empreinte d'anoxie remontait et provoquait la hausse de ses signes vitaux. Elle sentait que sa mémoire voulait s'éveiller. Évidemment sa respiration était superficielle. Après avoir revécu sa naissance, ses signes vitaux furent repris : 149/25 et le pouls à 64, une grande amélioration, mais pas encore dans la normalité. Ce n'était pas les pilules qui auraient pu la normaliser; c'était le ressenti et la renaissance. Auparavant, elle vivait sa douleur, mais ne remontait jamais jusqu'à l'empreinte. Quelquefois, durant la fin des stades du primal, elle pouvait recommencer à respirer profondément et plus normalement. Elle cherchait son air; avant, elle abandonnait. Tôt, elle s'adonna à la marche afin de pouvoir respirer profondément et avoir de l'air. Cela devint une obsession ; marcher de plus en plus, jusqu'à ce que ses genoux lâchent. Elle avait eu un cancer avant. Le médecin lui dit de faire attention pour les 5 prochaines années, afin d'être considérée hors de danger. Maintenant elle sait pourquoi : l'empreinte est toujours là à faire des dommages.

Qui aurait pu penser qu'une sérieuse empreinte de manque d'oxygène aurait pu donner un cancer plusieurs décennies plus tard ? Les pilules enlèvent la douleur mais ne règlent jamais la cause. Cela reste bien caché. Le manque d'oxygène demeure en nous et nous tourmente tout le temps. Cela fait aussi des dommages silencieusement. On ne connaîtra jamais la vérité à moins de retourner dans notre histoire là où sont les dommages. Seulement à ce moment, nous apprenons que la simple vérité est révolutionnaire.




Saturday, April 2, 2016

L'épigénétique et la thérapie primale : la guérison de la névrose (17/20)


Publié en anglais le 2 mars 2016

La cause de certains cancers : Ce n'est pas ce que vous pensez.

Notre théorie n'est pas seulement quelque chose de «beau, intéressant ou amusant». Elle sauve des vies. Cela signifie que cela inverse le cours de sérieuses maladies mentales. Nous voyons cela souvent. Plusieurs d'entre nous croyons qu'une bonne alimentation prolongera notre vie, et c'est vrai. Mais peu sont informés que le refoulement nous rend malade et peut nous tuer prématurément. La répression tue parce qu'elle déforme la physiologie de base et fait dévier le développement du cerveau. Et le refoulement force l'habitude de mal se nourrir, ce qui nous rend malade très tôt. La répression tue parce qu'inconsciemment elle nous force à entrer en contact avec la douleur de l'empreinte à chaque minute de notre vie. Elle nous force à trouver un moyen d'exprimer nos sentiments ou de les supprimer. La question est : comment ferons-nous pour garder cette profonde douleur loin de nous, refusant de la reconnaître. Le corps le fait, et il en devient malade. Il nous rend malade à un profond niveau cellulaire, le niveau où sied la douleur primale. Toute la pression pour garder la douleur cachée rend le développement cellulaire risqué; éventuellement,  nous devenons malade véritablement, ce qui ne devrait pas être un mystère, mais une conclusion inévitable.

D’après des recherches faites sur des jumeaux, par des scientifiques du London’s Institute of Cancer Research , les origines de la leucémie sont prénatales . (Ma et al., 2013). Les chercheurs ont creusé loin dans la recherche de la maladie, en regardant des cas où les jumeaux avaient développé une leucémie lymphoblastique aigue, cancer des globules blancs. Ils étudièrent l'ADN des deux parents, en étudiant leurs génomes. Ils trouvèrent que la vie intra-utérine était la responsable du développement de la maladie. Ils croient que les mutations responsables de cela, doivent venir de l'utérus. D'autres mutations ont pu s'ajouter après la naissance. Les résultats ont incité une autre chercheure britannique, la Dre Julie Sharp du Cancer Research UK, à continuer à faire d'autres recherches pouvant mener à de meilleurs traitements contre les cancers. Souligné par The BBC News, Sharp dit : « Des recherches comme celles-là pourraient révéler de nouvelles directives pour aller vers les vraies souches du cancer, et nous aider à mieux comprendre comment la maladie se développe à travers le temps. Le taux de survie a augmenté significativement depuis une dizaine d'années, grâce aux recherches, mais il y a encore du chemin à faire pour améliorer des traitements sans effets secondaires. »

Maintenant je dois poser la question : comment retrouver ce qui s'est passé dans l'utérus pour provoquer ces mutations ? Cela semble être une mission impossible. Mais ce ne l'est pas : nous pouvons vraiment nous rapprocher de ce qui s'est passé dans l'utérus pour provoquer ces mutations.  Les chercheurs se tournent vers la modification de ces mutations en les examinant elles-mêmes. Mais à la base de tout ceci, il y a quelque chose qui ne se passe pas bien dans l'utérus pendant que la mère est en gestation. Cela peut venir de forces extérieures comme la guerre ou un mari qui quitte la famille, laissant la mère dans un état chronique d'anxiété et de dépression. Les permutations sont infinies, mais le résultat est une empreinte qui cause une déviation de plusieurs fonctions du cerveau aux organes vitaux.

Je garde l'hypothèse que la thérapie primale peut aider à prévenir le cancer, si nous avons le temps d'aller assez profondément dans l'empreinte. Je n'avance pas que c'est le cas pour tous, mais nous avons peu de patients atteints de cancer, et nous croyons que la thérapie primale y est pour quelque chose. En résumé, je crois que le cancer prend racine profondément dans le cerveau durant la vie intra-utérine, et c'est exactement ce que nous traitons car nous traitons le facteur central organisationnel de tout le système.

Tuesday, March 29, 2016

L'épigénétique et la thérapie primale: La guérison de la névrose (16/20)

Tôt est-ce trop tôt ?

Dans la communauté scientifique, la question a toujours été : «Tôt est-ce trop tôt ? » Et c'est ici que l'épigénétique est significative dans nos discussions.  Un groupe de l'Université de l'état de Washington conduit par Matthew Amway, se penchant sur le dévoilement génétique, a découvert que l'expérience gestationnelle chez les animaux  peut entrainer des effets sur trois générations.  Ils ont démontré qu'en exposant des rates adultes en gestation, avec des spermes déficients, cela pouvait engendrer plusieurs maladies, incluant le cancer, chez les animaux adultes. Les femelles évitaient de s'accoupler avec des rats qui étaient aussi exposés à ces maladies. Et ceci continua, non seulement tout au long de la vie de ces adultes, mais tout autant durant la vie de leurs rejetons. Il semble que le système reconnait comment réagir devant certaines déficiences biologiques, et ceci pour conserver ce qui est le mieux pour l'hérédité, donnant ainsi de meilleurs résultats pour réussir dans la vie. Donc, quand on ne peut pas expliquer chez les adultes certains traits en relation avec l'hérédité, nous devons rechercher dans le passé, dans plusieurs générations antérieures, les réponses que nous cherchons.  Ceci nous donne une nouvelle perspective sur ce que l'on nomme les problèmes psychologiques chez les adultes. Quand on fait une interview avec de futurs patients, on doit pouvoir tenir en compte la vie prénatale chez ces patients, mais aussi la situation de leurs parents et quelquefois des grands-parents. 

Sans une évaluation clinique, on ne peut que deviner à quels traumas ces patients ont dû être soumis pendant la vie intra utérine, et quelles sont les adaptations qui continuent à montrer leurs effets chez les enfants et les petits-enfants. Naturellement, ce n'est pas seulement une mère subissant un trauma, mais le trauma lui-même affectant sa physiologie basale et produisant des changements à vie chez elle et son rejeton. Est-ce une grossesse durant la guerre ? Est-ce que les parents se disputaient tout le temps ? Est-ce la grand-mère de l'enfant qui était dépressive ? La mère était-elle une fumeuse invétérée ou buvait-elle continuellement  durant sa grossesse ? Ce sont toutes les questions que nous devons nous poser.
En vérité, la distinction entre l'hérédité et l'hérédité épigénétique doit être faite, si on veut inverser la maladie. Quand une empreinte est faite sur certaines cellules anxiolytiques par exemple, nous pouvons demeurer stressés jusqu'à ce que cette empreinte soit revisitée et revécue. Comme je l'ai déjà noté, le processus de méthylation peut aussi être chimiquement inversé par des agents de déméthylation, par exemple. Ceci nous amène à croire que certaines régions du cerveau, altérées par les médicaments ou drogues, sont les mêmes endroits qui peuvent être affectés en revivant les événements gestationnels. 

Le plus important est de savoir que le stress chez la mère compromet le système répressif chez le fœtus, de sorte que plus tard il sera difficile d'alléger les sentiments douloureux. Les empreintes de bas niveau durant la vie intra-utérine éclatent à travers la barrière répressive, surchargeant le système, et — en l'absence d’un cortex efficace, — il peut en résulter une difficulté de focus, de concentration et aussi des problèmes d'apprentissage. Le cortex préfrontal devient submergé pour tenter de contre balancer et faire taire les sentiments douloureux. 

Pourquoi ces empreintes précoces sont-elles si critiques ? Parce que la plupart des événements clés venant  de la vie intra-utérine peuvent mettre notre vie en danger continuellement; manque d'oxygène, nutrition inadéquate, trop d'agitation, abus de médicaments ou d'alcool, etc. ils affectent tous les organes vitaux et changent le système du bébé. Je n'oublie pas non plus la cigarette, qui est mortelle pour le développement du bébé. Imaginez-vous être dans l'utérus d'une mère qui ingère toutes sortes de toxines heure après heure, chaque jour de l'année ? Qui pourrait survivre à cela ?

Il y a un début dans le développement de la personnalité et on ne doit pas tout attribuer à la génétique. L'épigénétique est probablement plus importante. Les circonstances de la vie s’expriment autour des gènes, et altèrent qui nous sommes et ce que nous deviendrons. Ce sont nos jours dans l'intra-utérin qui impriment notre personnalité-type et constituent l'empreinte; quand nous recevons des patients en grande souffrance, nous trouvons le noyau, l'empreinte principale qui a forcé toutes ces accommodations. Et quand ces empreintes précoces sont revécues et que tous les systèmes vitaux vibrent dans un mouvement d'ensemble vers cette douleur, nous savons que nous avons découvert l'or. Nous avons trouvé le Nirvana, le noyau de la souffrance. Souvenez-vous, il n'y a pas de souffrance dans le pur état de grâce, le Nirvana. 

Thursday, March 17, 2016

Le suicide et le succès


Publié en anglais le 18 février 2016

Plusieurs personnes au sommet de leurs carrières se sont suicidées. Elles semblaient pourtant au pinacle de leur succès. Comment cela se fait il ? La plupart de nous pensions que lorsque nous choisissions une profession, que nous la poursuivions, et y avions du succès, devenant un expert renommé, que nous serions comblés. Nous nous sentirions comme ayant réussi, comme étant une réussite. Faux. Lorsque nous avons manqué d'amour,  souffert de rejet, d'indifférence et de manques de câlins étant enfant, nous ne pouvons pas nous sentir comme étant une réussite.

Le succès et la gloire sont des notions éphémères qui ne font pas partie de notre système. Le succès n'est pas un sentiment alors que l'amour l'est. La gloire est une autre idée du succès; d'une façon c'est le sentiment des autres … admiration, humilité, importance, etc. Et pourquoi, la personne la plus accomplie, ne semble jamais satisfaite, ni comblée ? Parce que toutes ses réalisations et toute son admiration sont symboliques; cela ne remplace pas le besoin d'amour qu'elle éprouvait étant enfant. Cela cache le manque, écrase le besoin réel et laisse un trou émotionnel béant en place. C'est la douleur gravée qui ne peut pas être effacée quelque soit le succès rencontré. Et cela le poursuit de plus en plus. Finalement au sommet de sa gloire, il ressent toujours le non accomplissement et l'échec; il n'y a plus rien à obtenir, ni à essayer. Il regarde tout ce qu'il a accompli et ressent un grand vide. Qu'est-ce que cela signifie ? «Je ne sais pas quoi faire de plus pour bien me sentir. On dirait que la vie est vide.» Il n'y a plus de sens : les pensées suicidaires commencent à venir.  La douleur qui amène tout cela est toujours vivante, et ronge de l'intérieur. Une voix à l'intérieur lui dit, « Tu n'es pas aimé », et c'est tout ce qui importe. Tu as échoué à ce qui est le plus important : être adoré, admiré, encouragé, soutenu et câliné.  C'est le malaise qui parle du manque. «Tu as tout fait pour essayer d'être aimé, et tu l'es, mais pas par les gens qui te sont importants». Être aimé pendant notre jeune âge, est ce qui nous prépare pour la vie; cela nous rend confiant. Cela nous offre la hardiesse, l'enthousiasme et la joie de vivre. Cela nous donne envie d'essayer mais non par désespoir.

L'amour symbolique doit être constamment répété parce qu'il ne comble pas. Pourquoi pas ? Parce qu'il trône sur la douleur gravée du non-amour. Et cette empreinte n'a qu'un but : être revécue telle qu'elle s'est installée. Elle ne disparaîtra JAMAIS, à moins d'être revécue entièrement dans son contexte original. Elle ne peut pas disparaitre. Son but est un avertissement constant d'une affaire non terminée. La douleur du début  a besoin d'être ressentie et traitée dans toute son agonie. Oui, il y a une agonie d'une très, très profonde peine, qui s'est transformée en une empreinte qui devient la partie primordiale de notre être. Maintenant cela nous rend confus, distraits, et par-dessus tout, bloque notre concentration. Oh oui, cela nous amène dans la dépression, parce que nous vivons avec un ennemi à l'intérieur de nous dont nous ne pouvons pas nous débarrasser. Il vit en nous et avec nous; il griffe pour sa libération; il veut la liberté de vivre cette douleur, croyez-le ou non.

Cependant, nous faisons ce que nous pouvons pour l'arrêter. Ce n’est pas étonnant que le but de la plupart des psychothérapies vise à la répression, rationalisation, comprendre mais jamais ressentir. Ces techniques offrent un peu de soulagement dont le patient se contente; mais il n’en sort pas guéri. Mais que ressent la personne qui réussit dans la vie ? Peu de choses: déprimée, malheureuse, non comblée. Il ne peut être autrement car rien d'autre ne s'offre à lui, et il n'a aucun autre choix, car ces sentiments ne le quitteront pour rien au monde. L'empreinte n'a aucune pitié. Elle nécessite une vigilance consciente, quelque part à l'intérieur, même si le niveau cortical supérieur veut l'emprisonner.  Une vigilance consciente signifie un ressenti profond plus une compréhension ultime de ce que c'est. Une réorganisation des chaises sur le Titanic. Nous devons replacer les choses pour être en santé, nous devons réunir les ressentis avec leur pensées pour faire de nous un être entier. La gloire ne fera pas cela; J'ai assez traité d'artistes pour le comprendre, et mes patients le savent aussi. Il n'y a aucun substitut pour extirper l'empreinte. Aucun. Laisser l'empreinte en place et vous y laisser aussi la misère.

Donc, continuons sur ce sujet. Quand à la base il y a un manque de satisfaction tôt dans la vie, pendant la gestation, à la naissance, et pendant le tout jeune âge, il y a une empreinte de manque complet. Cela demeure et reste emprisonné dans le cerveau mais est quand même abordable. Mais le ressenti demeure imperceptiblement accessible : c'est un sentiment non comblé. Nous le traînons et il nous traîne aussi dans la course pour être comblé. C'est symbolique, parce que une fois caché et hors d'atteinte,  nous comblerons avec des substituts : des symboles. Nous ne pouvons pas connaître le vrai manque et ce qu'il est. C'est pourquoi le système insiste pour que nous le revivions plus tard dans notre vie. Cela signifie une intégration réelle et la libération. Cela arrête finalement la perpétuelle envie de réussite. C'est différent de réussir. C'est l’envie de faire les choses bien. Un peu plus relaxant aussi.


Sunday, March 13, 2016

Encore un peu plus sur les act-outs


Publié en anglais le 7 février 2016

Si je vous disais que le seul fait de respirer est un act-out (une manifestation) vous pourriez vous en moquer, donc laissez-moi vous expliquer. Les act-outs signifient que vous réagissez inconsciemment et symboliquement à un traumatisme passé. Permettez-moi de vous donner un exemple: la respiration superficielle. Quand, à la naissance il n'y a pas eu assez d'oxygène, la mère étant fortement médicamentée et/ou anesthésiée, les médicaments se sont infiltrés dans le bébé pour arrêter la respiration; il a appris à conserver l'oxygène afin de survivre, en respirant superficiellement, il est devenu quelqu'un respirant superficiellement; les personnes qui font cela, pensent que c’est tout naturel de respirer comme ca.

Le fait est que c'est le signe d'un événement qui perdure et qui dirige tout leur système. Quand, l'oxygène diminue pendant la naissance, les vaisseaux sanguins se contractent ou se ferment pour sauver la vie du bébé. Le résultat peut être des migraines chroniques où les vaisseaux sanguins se resserrent, afin d'épargner les suppléments d'oxygène. Ceci arrive aussi lorsque que quelqu'un est inquiet à propos de quelque chose, se sent menacé ou est anxieux.

De là, nous mettons en réserve l'oxygène comme étant un outil de survie. Tout le système est en mode économie d’énergie ; doucement, calmement, étant constamment dans un état de retenu se traduisant par l'économie d'argent, des émotions, de la respiration, de l'expression, etc. En résumé, en n'utilisant pas trop de tout. Quelqu'un peut devenir un économe dans tout : «Je ne peux pas me passer de… autrement je mourrai.» (Originalement…. sans assez d'oxygène ma vie est en danger). Durant toute sa vie son leitmotiv sera : «Ce n'est pas assez….et je dois être certain que j'en aurai assez.» La peur est que je ne peux pas  continuer sans (sans l’oxygène dont j'ai besoin)  ou je mourrai. Si j’économise, je ne serai pas en danger; j'en aurai assez. Si j'en ai assez, je ne mourrai pas. Cela semble exagéré et pourtant de nombreux patients en témoignent.

Dans un autre cas, le patient en souvenir du passé, économise assez d'énergie pour accomplir les tâches minimales. Il évite de se surmener (comme originalement). Il achète seulement le strict nécessaire. Il voyage avec peu, pour ne pas être surchargé. Une valise trop lourde est une source d'anxiété parce qu'il craint de manquer d'énergie pour traîner les bagages. Toute sa vie tourne autour de cette formule, « Si je dépense trop, je mourrai». Ceci est la manifestation symbolique du trauma original. Respirer trop peut me faire mourir, donc je dois éviter les exercices trop demandant. Il préfère une vie simple, avec peu d'inquiétudes matérielles pour ne pas se sentir dépassé. Le moins il a, le moins il a à s'occuper, le moins d'énergie il utilise. Cette personne aime quand les autres prennent le devant, ainsi elle n'a pas à s'occuper de rien, elle peut économiser.
Ce que nous avons ici sont des modes différents de comportement  pour une empreinte à peu près semblable…un manque d'oxygène durant la gestation et à la naissance. Les circonstances de la vie ajoutent des options, mais le comportement en général a un seul motif.

Un type extrême de ceci est la plongée libre : l'idée est de plonger le plus profondément dans l'océan en retenant son souffle, jusqu'à ce que quelqu'un le fasse le plus longtemps possible et devienne le champion. Et croyez-le ou non, on donne des médailles pour cela. Excepté que cela est très dangereux, et justement quelqu'un s'est noyé, la semaine dernière en l'essayant. Sans oxygène du tout, les experts peuvent tenir quelques minutes sans respirer. L'idée inconsciente est de reconstituer le trauma ancien, approchant la mort et essayant de survivre. Il semble que plus on approche des limites de la mort, plus on l'applaudit. C'est l'ancien trauma vécu à l'inverse. J'ignore qui a inventé cette folie ? Mais quelqu'un y est attiré, parce que c'est la forme symbolique de revivre ce moment. S'approcher de la mort et vivre finalement. C'est le paradigme, le leitmotiv appelé «sport». Ici nous avons des act-outs différents pour à peu près  la même empreinte. L'un la saisit et l'autre la fuit. L'un se jette devant  pour s'écraser dans son empreinte et la surmonter, l'autre l'évite à tout prix. Dans tous les cas, cela envahit chaque aspect de l'être. Les casse-cous le trouvent et le pourchassent, pendant que les phobiques regardent ailleurs. Est-ce que les plongeurs libres sont des casse-cous ? Je parierais que oui, mais non, je ne parie pas.

Thursday, March 10, 2016

Encore sur les Act-outs


Publié en anglais le 29 janvier 2016

La vérité n'a pas besoin de défenses…sauf que…ne pas la ressentir cause d'innombrables défenses. Le ressenti est à l'opposé de la défense.
Il y a un certain paradigme dans la thérapie primale, auquel a fait allusion un blogueur du nom de Frank. La vérité n'a pas besoin de défenses, sauf quand la vérité est plus que ce que le système peut intégrer; là intervient le système de défense. C'est pourquoi, dans la région booga booga, lorsqu’ils vivent à l'intérieur de leurs défenses et imaginent toute sorte de choses comme la liberté, la libération, être un avec le cosmos, etc. Ils ne ressentent plus la présence de leur douleur. Ils ne savent pas non plus qu'ils vivent dans leur système de défenses. Ils s'accrochent à une idée irréelle étrange et font un avec; tant que cela éloigne la vérité : j’ai mal.

C'est pourquoi après que les patients ont eu de profonds ressentis ils reconnaissent plusieurs vérités à propos de leur vie. C'est enfoui et protégé avec la douleur. Donc, personne n'a à fournir d'analyse; c'est déjà là en attendant de sortir. Et comment ces ressentis sortent-t-ils ? Ils se détournent et se collent à la douleur.

Laissez-moi vous donner un exemple de ma propre vie. Il n'y a pas longtemps, la première chose que je faisais le matin était de sortir pour prendre un café. Je le faisais machinalement, sans y penser. Puis arriva le primal : je suis coincé dans l'utérus sans pouvoir en sortir, et je l'ai vécu par la suite, pendant des dizaines d'années. Le ressenti caché me guidait (je sortais pour prendre un café) et je ne m'apercevais pas que cela dirigeait ma vie. Et si je buvais ou fumais pour oublier la peine, je n'avais aucune idée de pourquoi je faisais cela, et je n'ai jamais cherché. Mais….je devais sortir. Si j'avais été plus rusé ou après assez en primal, j'aurais retracé mon rituel obsessif là où était la source en me demandant ce que j'essayais de faire. « Comment idiot, j'essaie de m'en sortir! » En pré-primal je dirais, j'ai besoin de liberté et je veux me sentir libre, mais ceci n'aurait eu aucun sens.

J'avais une patiente qui avait une obsession différente : elle avait besoin de baiser tout le temps (pas dans le sens grossier, mais dans le sens exact). Cela arrive…. Qu'est-ce que tu essaies de faire ?  Elle dit qu'elle avait besoin de libérer sa tension. Et pourquoi ? Parce que si elle ne baisait pas, la température de son corps et sa pression sanguine montaient dans le plafond : elle était en danger de mort. Mais pourquoi baiser ? C'était l'instinct le plus basique et le plus profondément enraciné. Sa constitution mettait son corps dans un stress épouvantable. Elle devait trouver un moyen de se libérer à travers une certaine manifestation parce qu'elle ne savait pas qu'elle avait une empreinte cachée profondément et que cela causait toutes ces tensions. «Allô, je suis votre médecin. Avez-vous vécu du stress récemment ? » « Non, pas que je sache, mais je crois qu'il y a eu, il y a 50 ans, un événement stressant, je n'en suis pas certaine, mais cela a fait augmenter beaucoup ma température et ma tension jusqu'à ce jour. » «Comment savez-vous cela ?» « Par instinct, je crois. » Pourquoi aurais-je ces symptômes chroniques ? Je ne sais pas…

Oh, quelle est cette manifestation ? Notre façon symbolique de négocier avec une mémoire inconsciente, concrétisée. C'est comme un aveugle sans connaissance de son inconscience, tentant de se débarrasser d'un terrible trauma. Il fait de son mieux, et arrive, tout près, symboliquement, comme mon besoin de sortir pour aller prendre un café chaque matin. Sûrement que cette obsession signifiait qu'il y avait quelque chose de cacher profondément. Même en sachant exactement ce que c'est, cela n'aurait pas changé quoique ce soit, parce que la perception demeure dans la partie haute du cerveau, tandis que le ressenti est dans le bas. Ils sont loin l'un de l'autre. N'est-ce pas ahurissant que les ressentis profondément incrustés envoient des messages d'en bas pour se rapprocher du trauma sans jamais dire ce que c'est ? Et pourquoi est-ce comme cela ? Parce que si tout était envoyé au complet, toute la vérité, nous serions agonisants encore une fois. Donc, notre cerveau compatissant a trouvé un chemin de retour protecteur. Il garde la vérité loin de nous, même quand nous la cherchons. Plus nous cherchons, moins nous trouvons. Aah, encore du raisonnement. Ces pauvres philosophes ; en constantes recherches qui n'aboutiront jamais parce que…oh non, un instant, la recherche est vraiment pour trouver la douleur, et il n'y a que la douleur qui peut libérer. Est-ce que cela veut dire qu'ils recherchent la douleur sans savoir ce que c'est ? Ouais !
Seigneur, Janov tu es si arrogant et si certain de toi. Est-ce que c'est mauvais ? Est-ce mieux de ne pas être certain alors que je l'ai vécu ? Et quand je le revis et que mes manifestations disparaissent ? La vérité réside dans cette lourde souffrance et non pas dans un haut niveau du cortex où la recherche semble se concentrer. C'est pourquoi on ne peut rien trouver. On recherche des résultats, non pas les causes, et comme tant de recherches en psychologie, miser sur les résultats ne peut révéler les causes mystérieuses. Oh eh bien. Cela semble désespérant. Non, parce que le vrai espoir réside dans le fait de revivre ce grand désespoir menant à tant de dépressions. Et que faisons-nous au lieu de ressentir ce désespoir et d'en trouver les causes; on s'en éloigne, se gardant occupé, continuant de travailler, courir et courir… loin de nous-mêmes. Vous ne pouvez trouver votre salut ni vous-même en agissant comme cela.

Un dernier mot sur mes manifestations. Pourquoi ai-je choisi la trompette comme instrument? Je faisais partie d'un groupe, les « Syncopés psychopathiques » et j'atteignais une très haute note, et cela me semblait comme si je hurlais….et c'était bien cela, hurler de la seule façon que je pouvais. Chaque semaine j'allais à l'hôpital local pour malades mentaux, et jouais à Los Angeles, avec les meilleurs musiciens. Nous donnions des concerts à différents endroits, et toute la section qui avait eu des lobotomies, devait se tenir la main pour que nous ne les perdions pas. Et toutes les filles de la région venaient et dansaient avec les patients les jeudis soirs. Un soir, j'entendis de la salle : «Art. Art. Arturo.» Un patient vint vers moi et me serra contre lui, et nous parlâmes. Il me raconta toute son histoire. Nous étions dans la marine ensemble. Il était Mexicain, donc durant une bataille maritime pendant la guerre, il a dû aller en bas pour bien fixer les écoutilles tout en restant là, de sorte que si nous étions torpillés, l'eau ne pourrait pas entrer dans le bateau pour nous faire couler. Il s’est retrouvé bloqué à l'intérieur. Pourquoi ? Parce qu'il était Mexicain. Après plusieurs mois de cet incident, il s'effondra et passa plusieurs mois dans des hôpitaux psychiatriques. C'était la même situation que lorsque les Noirs, sur nos bateaux, se battaient pour leur liberté; ils n'avaient pas le droit de toucher à une arme à feu, et la seule chose qu'ils pouvaient faire était soit de cuisiner, de nettoyer ou de porter un uniforme blanc pour servir les officiers. Tout le monde trouvait cela normal.

Jusqu'à ce jour, je pense que les filles qui venaient et dansaient avec des psychotiques, étaient des héroïnes. Elles voulaient faire leur effort de guerre et nous aider, nous les marins. Et c'était merveilleux. J'ai appris plus à propos de la maladie mentale, en jouant de la musique avec mes amis, qu'en étudiant à l'école.