Thursday, March 10, 2016

Encore sur les Act-outs


Publié en anglais le 29 janvier 2016

La vérité n'a pas besoin de défenses…sauf que…ne pas la ressentir cause d'innombrables défenses. Le ressenti est à l'opposé de la défense.
Il y a un certain paradigme dans la thérapie primale, auquel a fait allusion un blogueur du nom de Frank. La vérité n'a pas besoin de défenses, sauf quand la vérité est plus que ce que le système peut intégrer; là intervient le système de défense. C'est pourquoi, dans la région booga booga, lorsqu’ils vivent à l'intérieur de leurs défenses et imaginent toute sorte de choses comme la liberté, la libération, être un avec le cosmos, etc. Ils ne ressentent plus la présence de leur douleur. Ils ne savent pas non plus qu'ils vivent dans leur système de défenses. Ils s'accrochent à une idée irréelle étrange et font un avec; tant que cela éloigne la vérité : j’ai mal.

C'est pourquoi après que les patients ont eu de profonds ressentis ils reconnaissent plusieurs vérités à propos de leur vie. C'est enfoui et protégé avec la douleur. Donc, personne n'a à fournir d'analyse; c'est déjà là en attendant de sortir. Et comment ces ressentis sortent-t-ils ? Ils se détournent et se collent à la douleur.

Laissez-moi vous donner un exemple de ma propre vie. Il n'y a pas longtemps, la première chose que je faisais le matin était de sortir pour prendre un café. Je le faisais machinalement, sans y penser. Puis arriva le primal : je suis coincé dans l'utérus sans pouvoir en sortir, et je l'ai vécu par la suite, pendant des dizaines d'années. Le ressenti caché me guidait (je sortais pour prendre un café) et je ne m'apercevais pas que cela dirigeait ma vie. Et si je buvais ou fumais pour oublier la peine, je n'avais aucune idée de pourquoi je faisais cela, et je n'ai jamais cherché. Mais….je devais sortir. Si j'avais été plus rusé ou après assez en primal, j'aurais retracé mon rituel obsessif là où était la source en me demandant ce que j'essayais de faire. « Comment idiot, j'essaie de m'en sortir! » En pré-primal je dirais, j'ai besoin de liberté et je veux me sentir libre, mais ceci n'aurait eu aucun sens.

J'avais une patiente qui avait une obsession différente : elle avait besoin de baiser tout le temps (pas dans le sens grossier, mais dans le sens exact). Cela arrive…. Qu'est-ce que tu essaies de faire ?  Elle dit qu'elle avait besoin de libérer sa tension. Et pourquoi ? Parce que si elle ne baisait pas, la température de son corps et sa pression sanguine montaient dans le plafond : elle était en danger de mort. Mais pourquoi baiser ? C'était l'instinct le plus basique et le plus profondément enraciné. Sa constitution mettait son corps dans un stress épouvantable. Elle devait trouver un moyen de se libérer à travers une certaine manifestation parce qu'elle ne savait pas qu'elle avait une empreinte cachée profondément et que cela causait toutes ces tensions. «Allô, je suis votre médecin. Avez-vous vécu du stress récemment ? » « Non, pas que je sache, mais je crois qu'il y a eu, il y a 50 ans, un événement stressant, je n'en suis pas certaine, mais cela a fait augmenter beaucoup ma température et ma tension jusqu'à ce jour. » «Comment savez-vous cela ?» « Par instinct, je crois. » Pourquoi aurais-je ces symptômes chroniques ? Je ne sais pas…

Oh, quelle est cette manifestation ? Notre façon symbolique de négocier avec une mémoire inconsciente, concrétisée. C'est comme un aveugle sans connaissance de son inconscience, tentant de se débarrasser d'un terrible trauma. Il fait de son mieux, et arrive, tout près, symboliquement, comme mon besoin de sortir pour aller prendre un café chaque matin. Sûrement que cette obsession signifiait qu'il y avait quelque chose de cacher profondément. Même en sachant exactement ce que c'est, cela n'aurait pas changé quoique ce soit, parce que la perception demeure dans la partie haute du cerveau, tandis que le ressenti est dans le bas. Ils sont loin l'un de l'autre. N'est-ce pas ahurissant que les ressentis profondément incrustés envoient des messages d'en bas pour se rapprocher du trauma sans jamais dire ce que c'est ? Et pourquoi est-ce comme cela ? Parce que si tout était envoyé au complet, toute la vérité, nous serions agonisants encore une fois. Donc, notre cerveau compatissant a trouvé un chemin de retour protecteur. Il garde la vérité loin de nous, même quand nous la cherchons. Plus nous cherchons, moins nous trouvons. Aah, encore du raisonnement. Ces pauvres philosophes ; en constantes recherches qui n'aboutiront jamais parce que…oh non, un instant, la recherche est vraiment pour trouver la douleur, et il n'y a que la douleur qui peut libérer. Est-ce que cela veut dire qu'ils recherchent la douleur sans savoir ce que c'est ? Ouais !
Seigneur, Janov tu es si arrogant et si certain de toi. Est-ce que c'est mauvais ? Est-ce mieux de ne pas être certain alors que je l'ai vécu ? Et quand je le revis et que mes manifestations disparaissent ? La vérité réside dans cette lourde souffrance et non pas dans un haut niveau du cortex où la recherche semble se concentrer. C'est pourquoi on ne peut rien trouver. On recherche des résultats, non pas les causes, et comme tant de recherches en psychologie, miser sur les résultats ne peut révéler les causes mystérieuses. Oh eh bien. Cela semble désespérant. Non, parce que le vrai espoir réside dans le fait de revivre ce grand désespoir menant à tant de dépressions. Et que faisons-nous au lieu de ressentir ce désespoir et d'en trouver les causes; on s'en éloigne, se gardant occupé, continuant de travailler, courir et courir… loin de nous-mêmes. Vous ne pouvez trouver votre salut ni vous-même en agissant comme cela.

Un dernier mot sur mes manifestations. Pourquoi ai-je choisi la trompette comme instrument? Je faisais partie d'un groupe, les « Syncopés psychopathiques » et j'atteignais une très haute note, et cela me semblait comme si je hurlais….et c'était bien cela, hurler de la seule façon que je pouvais. Chaque semaine j'allais à l'hôpital local pour malades mentaux, et jouais à Los Angeles, avec les meilleurs musiciens. Nous donnions des concerts à différents endroits, et toute la section qui avait eu des lobotomies, devait se tenir la main pour que nous ne les perdions pas. Et toutes les filles de la région venaient et dansaient avec les patients les jeudis soirs. Un soir, j'entendis de la salle : «Art. Art. Arturo.» Un patient vint vers moi et me serra contre lui, et nous parlâmes. Il me raconta toute son histoire. Nous étions dans la marine ensemble. Il était Mexicain, donc durant une bataille maritime pendant la guerre, il a dû aller en bas pour bien fixer les écoutilles tout en restant là, de sorte que si nous étions torpillés, l'eau ne pourrait pas entrer dans le bateau pour nous faire couler. Il s’est retrouvé bloqué à l'intérieur. Pourquoi ? Parce qu'il était Mexicain. Après plusieurs mois de cet incident, il s'effondra et passa plusieurs mois dans des hôpitaux psychiatriques. C'était la même situation que lorsque les Noirs, sur nos bateaux, se battaient pour leur liberté; ils n'avaient pas le droit de toucher à une arme à feu, et la seule chose qu'ils pouvaient faire était soit de cuisiner, de nettoyer ou de porter un uniforme blanc pour servir les officiers. Tout le monde trouvait cela normal.

Jusqu'à ce jour, je pense que les filles qui venaient et dansaient avec des psychotiques, étaient des héroïnes. Elles voulaient faire leur effort de guerre et nous aider, nous les marins. Et c'était merveilleux. J'ai appris plus à propos de la maladie mentale, en jouant de la musique avec mes amis, qu'en étudiant à l'école.



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