Thursday, March 17, 2016

Le suicide et le succès


Publié en anglais le 18 février 2016

Plusieurs personnes au sommet de leurs carrières se sont suicidées. Elles semblaient pourtant au pinacle de leur succès. Comment cela se fait il ? La plupart de nous pensions que lorsque nous choisissions une profession, que nous la poursuivions, et y avions du succès, devenant un expert renommé, que nous serions comblés. Nous nous sentirions comme ayant réussi, comme étant une réussite. Faux. Lorsque nous avons manqué d'amour,  souffert de rejet, d'indifférence et de manques de câlins étant enfant, nous ne pouvons pas nous sentir comme étant une réussite.

Le succès et la gloire sont des notions éphémères qui ne font pas partie de notre système. Le succès n'est pas un sentiment alors que l'amour l'est. La gloire est une autre idée du succès; d'une façon c'est le sentiment des autres … admiration, humilité, importance, etc. Et pourquoi, la personne la plus accomplie, ne semble jamais satisfaite, ni comblée ? Parce que toutes ses réalisations et toute son admiration sont symboliques; cela ne remplace pas le besoin d'amour qu'elle éprouvait étant enfant. Cela cache le manque, écrase le besoin réel et laisse un trou émotionnel béant en place. C'est la douleur gravée qui ne peut pas être effacée quelque soit le succès rencontré. Et cela le poursuit de plus en plus. Finalement au sommet de sa gloire, il ressent toujours le non accomplissement et l'échec; il n'y a plus rien à obtenir, ni à essayer. Il regarde tout ce qu'il a accompli et ressent un grand vide. Qu'est-ce que cela signifie ? «Je ne sais pas quoi faire de plus pour bien me sentir. On dirait que la vie est vide.» Il n'y a plus de sens : les pensées suicidaires commencent à venir.  La douleur qui amène tout cela est toujours vivante, et ronge de l'intérieur. Une voix à l'intérieur lui dit, « Tu n'es pas aimé », et c'est tout ce qui importe. Tu as échoué à ce qui est le plus important : être adoré, admiré, encouragé, soutenu et câliné.  C'est le malaise qui parle du manque. «Tu as tout fait pour essayer d'être aimé, et tu l'es, mais pas par les gens qui te sont importants». Être aimé pendant notre jeune âge, est ce qui nous prépare pour la vie; cela nous rend confiant. Cela nous offre la hardiesse, l'enthousiasme et la joie de vivre. Cela nous donne envie d'essayer mais non par désespoir.

L'amour symbolique doit être constamment répété parce qu'il ne comble pas. Pourquoi pas ? Parce qu'il trône sur la douleur gravée du non-amour. Et cette empreinte n'a qu'un but : être revécue telle qu'elle s'est installée. Elle ne disparaîtra JAMAIS, à moins d'être revécue entièrement dans son contexte original. Elle ne peut pas disparaitre. Son but est un avertissement constant d'une affaire non terminée. La douleur du début  a besoin d'être ressentie et traitée dans toute son agonie. Oui, il y a une agonie d'une très, très profonde peine, qui s'est transformée en une empreinte qui devient la partie primordiale de notre être. Maintenant cela nous rend confus, distraits, et par-dessus tout, bloque notre concentration. Oh oui, cela nous amène dans la dépression, parce que nous vivons avec un ennemi à l'intérieur de nous dont nous ne pouvons pas nous débarrasser. Il vit en nous et avec nous; il griffe pour sa libération; il veut la liberté de vivre cette douleur, croyez-le ou non.

Cependant, nous faisons ce que nous pouvons pour l'arrêter. Ce n’est pas étonnant que le but de la plupart des psychothérapies vise à la répression, rationalisation, comprendre mais jamais ressentir. Ces techniques offrent un peu de soulagement dont le patient se contente; mais il n’en sort pas guéri. Mais que ressent la personne qui réussit dans la vie ? Peu de choses: déprimée, malheureuse, non comblée. Il ne peut être autrement car rien d'autre ne s'offre à lui, et il n'a aucun autre choix, car ces sentiments ne le quitteront pour rien au monde. L'empreinte n'a aucune pitié. Elle nécessite une vigilance consciente, quelque part à l'intérieur, même si le niveau cortical supérieur veut l'emprisonner.  Une vigilance consciente signifie un ressenti profond plus une compréhension ultime de ce que c'est. Une réorganisation des chaises sur le Titanic. Nous devons replacer les choses pour être en santé, nous devons réunir les ressentis avec leur pensées pour faire de nous un être entier. La gloire ne fera pas cela; J'ai assez traité d'artistes pour le comprendre, et mes patients le savent aussi. Il n'y a aucun substitut pour extirper l'empreinte. Aucun. Laisser l'empreinte en place et vous y laisser aussi la misère.

Donc, continuons sur ce sujet. Quand à la base il y a un manque de satisfaction tôt dans la vie, pendant la gestation, à la naissance, et pendant le tout jeune âge, il y a une empreinte de manque complet. Cela demeure et reste emprisonné dans le cerveau mais est quand même abordable. Mais le ressenti demeure imperceptiblement accessible : c'est un sentiment non comblé. Nous le traînons et il nous traîne aussi dans la course pour être comblé. C'est symbolique, parce que une fois caché et hors d'atteinte,  nous comblerons avec des substituts : des symboles. Nous ne pouvons pas connaître le vrai manque et ce qu'il est. C'est pourquoi le système insiste pour que nous le revivions plus tard dans notre vie. Cela signifie une intégration réelle et la libération. Cela arrête finalement la perpétuelle envie de réussite. C'est différent de réussir. C'est l’envie de faire les choses bien. Un peu plus relaxant aussi.


2 comments:

  1. Bonjour,merci pour ces articles qui nous aident a mieux nous comprendre . comprendre ce qui ns poussent a faire impérativement quelque chose ... les idées de faire quoi, ce n'est pas ça qui manque(le plu important c'est faire quelque chose,ne pas rester sans rien faire parce que ça presse)..je me rappelle d'une chanson "do anything" d'un chanteur anglais.. je crois qu'il parlait de ceux qui était seul et qui devait comptait sur eux,parce que sinon rien n'arrivera et ce néant est insupportable..on doit faire quelque chose..parce qu'on ressent qu'il y a comme un fond inquiétant,comme vous dites une agonie (chacun selon son cas,son vécu son histoire)..Le mérite dans vos travaux c'est qu'on reste réaliste,on reste dans le cercle de notre propre histoire;affective et biologique ..si on reste réaliste on peut résister aux sirènes de la vie extérieure ;les préoccupations qu'offre la vie (chacun choisis selon ses capacités biologiques) pour réussir quelque chose que nous avons valorise'..
    je préféré me tourner vers l’intérieur ;la réflexion sur la sensibilité humaine et ses lois biologiques ..en fait c'est la seule voix qui me reste..je sais qu'il y a la souffrance au bout du compte ..Mais avoir su de vous ou on va et pourquoi ..rend les choses claire dans ma tête et me rassure..ça me parait logique il n’y pas lieu de chercher ailleurs tout est la..J'ai hâte de faire cette thérapie

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